» Notre regard est naturellement tourné vers le beau. Ce qui est laid, sale ou effrayant nous fait détourner instinctivement les yeux. Lorsque des médias dénoncent des faits odieux et montrent des images insoutenables, les personnes traduisent le contenu en invoquant le voyeurisme, le sadisme ou l’info provocation à tout prix. Pendant la seconde guerre mondiale, partout en Europe le bruit courait que des gens étaient exterminés dans des camps, torturés, gazés. Une grande majorité de personnes n’y croyait pas ou se refusait à y croire, aucune photographie ne circulait. L’autre partie de la population se voilait la face. Comment porter crédit à des faits aussi horribles ? Une petite voix intérieure traduisait, « oublie, cela vaut mieux, ne regarde pas ! » Lorsque des actes d’une cruauté insensée sont dévoilés, le déni n’est pas loin. Au moment de l’occupation, nous avions des excuses car l’information circulait mal, seuls les hauts dignitaires connaissaient en partie la vérité. Aujourd’hui nous avons des images pour témoigner, des preuves, mais nous refusons de les voir, âmes sensibles s’abstenir ! A force de fermer les yeux sur la cruauté du monde, de se résigner à ne plus rien dire, ne plus rien absorber de l’information hormis les choses qui nous font plaisir, ou flattent notre égo, nous perpétrons les gestes de cruauté. Nous ne parlerons pas ici de faits commis contre des personnes, mais d’actes de cruauté perpétrés contre des animaux depuis de trop longues années sans qu’aucun gouvernement n’intervienne afin de stopper les actes de barbaries, de tortures, le tout en toute impunité. Dans une Europe qui se veut moderne et juste, où les droits des hommes même s’ils existent ne sont pas toujours appliqués, que dire des droits des animaux ? (…) »
Dossier du mois – Le Paris London n° 4 – juillet / août 2010