» Le long d’un mur de ce couloir sombre je me suis adossée en me répétant que cette histoire n’était pas la mienne, que j’allais me réveiller, me retrouver à nouveau avec ceux que j’aimais et qui m’aimaient. Vous n’entendez pas ce cri qui vient de l’intérieur murmurai-je à ceux qui daignaient soutenir mon regard ! Craignez vous qu’en posant vos yeux sur moi vous ne contempliez votre propre reflet ? De toute façon je ne suis plus un homme, ni une femme, ni même un enfant, je ne suis plus qu’une plaie béante, incapable de se refermer, même de saigner. Mon sang ne semble parvenir jusqu’à mon cœur que poussé par d’infimes battements, insensible à sa pression afin de continuer la route. Ivre de douleur je ne sens même plus le froid qui pique mes doigts, isolée de tout. Quel âge je peux bien avoir, vingt ans, trente ans, quatre mille ans, peu importe mes mains sont celles d’une petite vielle, mes pieds ne me portent plus, je sombre peu à peu dans l’obscurité. Ma chère amie, vous qui autrefois supportiez toutes mes facéties, qui vous attardiez sur mon incroyable vivacité, ne voyez vous pas que je désire revenir vers vous, accordez moi ce dernier souhait chère amie, faites moi revenir parmi vous, entourez moi de votre enivrante douceur, ne me laissez plus seule, accompagnez mes pas jusqu’à mon ultime demeure, réchauffez mon cœur de vos mots apaisants, comme je t’aime la vie ! «